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Vincent Courdouan

 

 

 

 


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Biographie

 

    Vincent COURDOUAN est né le 7 mars 1810 à Toulon, rue des remparts, actuellement rue Vincent Courdouan. Il devait mourir dans la même maison 83 ans plus tard, le 7 décembre 1893. Attaché à sa région natal, il apprend le dessin auprès de Létuaire puis Félix Brun dans l'atelier du port. A Paris, il est l'élève du grand portraitiste Paulin Guérin. Mais très vite le jeune Vincent éprouve le besoin de revenir dans le midi, le climat privilégié de notre région lui manque.

Batterie basse, Cap BrunD'une technique fondamentale - le dessin - qu'il pratique en plein air et sur le motif, il passe à l'aquarelle, au fusain, au pastel. Il n'aborde la peinture à l'huile qu'en 1846. Il utilise ses différents moyens d'expression pour peindre le paysage varois, pendant plus de cinquante ans : les bords de mer, les bords de rivière, les forêts, les villages varois, se succèdent sur la toile ou sur le papier.

La Ponche à Saint-Tropez, 1879Il set vrai que le département du Var offre aux visiteurs, aux promeneurs, aux artistes, des paysages contrastés. Toulon est dotée d'une côte pittoresque, découpée que Vincent COURDOUAN prend plaisir à copier. Ainsi, son habile pinceau décrit la Méditerranée sous ses aspects les plus divers : agitée par la tempête ou limpide et transparente.

Un voyage en Algérie en 1847 et un voyage en Egypte en 1866 n'influencent pas véritablement son oeuvre, mais permettent de le classer parmi les orientalistes provençaux. En 1852, Vincent COURDOUAN est nommée conservateur du Musée de la Ville. La vallée des Angoisses,1854

Apprécié du public, il expose régulièrement dans la région (Marseille, Nice, Cannes, Hyères ...) mais aussi, au Salon parisien où depuis 1835, il attire le regard des critiques contemporains.

Romantique, naturaliste, Vincent COURDOUAN donne de la région toulonnaise une vision réaliste. Son habileté à rendre la lumière se révèle dans ses magnifiques fusains où le noir et le blanc s'opposent.

Fort Saint-Louis, 1859Sur les traces de leur "Maître", ses nombreux élèves paysagistes tels que Dauphin, Cauvin, Pezous, Montenard, fixent à leur tour sur leur toile le Fort Saint-Louis, le Cap Brun, la Corniche du Mourillon et bien d'autres lieux.

 

Rocher de Roquebrune sur Argens,1867Vincent COURDOUAN reste, au XIXème siècle, le chef de file de l'Ecole Toulonnaise. Il est notre mémoire en immortalisant dans ses oeuvres notre Provence, parcourant inlassablement les criques voisines du Cap Brun, les villages varois, les bords de l'Argens ou du Gapeau ... Nous retrouvons avec nostalgie ces paysages que le modernisme, de plus en plus envahissant, transforme inexorablement.

( Louis SOCCOJA, Conseiller Régional, Adjoint au Maire de Toulon, délégué à la Culture et au Patrimoine)


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Courdouan et la peinture de marine

 

Le retour des pêcheurs, 1842A Toulon, la mer interpelle les paysagistes. Fascinés par la beauté des criques et calanques encore intactes, ils sont aussi attirés par l'arsenal et les navires de guerre. Le port connait une activité croissante avec Louis-Philippe qui tente d'imposer la présence de la flotte française en Méditerranée, au risque de déplaire à l'Angleterre. En mai 1830, les Toulonnais assistent aux préparatifs et au départ de l'armada pour Alger : un grand rassemblement de 103 navires de guerre, et 572 bâtiments de commerce affrétés de petit tonnage, au total, 675 navires, avec 35000 hommes, 4000 chevaux et 70000 tonnes de matériel. A la suite de l'expédition d'Alger, Toulon devient la plaque tournante pour les relations aves l'Afrique du Nord. Il y a une liaison hebdomadaire Toulon - Alger grâce aux navires à vapeur, et la presse toulonnaise est la source des nouvelles d'Afrique pour la métropole.

Vue de Fort-de-France, 1866Mais Toulon est également le lieu où embarquent les explorateurs comme Dumont d'Urville, les savants, les aventuriers, les artistes pour l'Italie puis pour l'Afrique du Nord ou l'Orient. Toulon est une base navale importante pour les opérations militaires et son arsenal s'agrandit avec la création de nouveaux ateliers rendus nécessaires par l'évolution de l'architecture navale, le métal remplaçant le bois et la propulsion mécanique la voile. A La Seyne, la construction navale privée prend de l'essor également les chantiers de l'industriel anglais Taylor.

Barque dans une anse,1846Courdouan s'exerce en copiant des représentations de vieux vaisseaux par Ozanne ou Vernet, et en observant les navires du port de guerre. Intéressé autant par l'activité navale de se ville que par les effets de lumière sur les flots et les rivages méditerranéens, il s'oriente très tôt vers le genre des marines, c'est-à-dire la description de scènes maritimes ou de paysages dans lesquels la mer tient une place importante.

Au salon de Paris de 1838, il est récompensé d'une médaille de 3ème classe pour une aquarelle : Lendemain d'une tempête, côte de Provence et en 1844 il reçoit une médaille d'or. Par ses envois réguliers de marines, aquarelles et pastels, aux différents Salons de Paris et de province, il est rapidemment considéré par la critique comme un peintre de marine. A la suite d'une exposition à Lyon en 1845, on peut lire dans la presse : C'est bien au rang des peintres de marine que nous devons placer aussi M. Courdouan qui, de Toulon où il étudie la Méditerranée, nous a envoyé d'admirables pastels ... et encore l'année suivante : ... il ne mérite pas moins de figurer au premier rang des peintres de marine de l'exposition.

Conscient de son succès dans ce genre, il décide alors d'aborder la peinture à l'huile, plus par nécessité de faire carrière que par goût, et en 1848, il obtient une médaille de 2ème classe au Salon de Paris pour la relation d'un fait d'armes près de Toulon remontant à 1807 : Le combat de Romulus (1847).

Combat de Romulus, 1847

Le tableau est acheté par l'Etat et donné à la ville de Toulon. Vincent Courdouan est alors considéré par la critique et  les jurys comme un artiste complet.

Le critique Maxime Du Camp le proclame bientôt un des meilleurs peintres de marine : Il n'y a en France que quatre peintres de marine : Courdouan qui du talent, Morel-Fatio qui n'en a pas, Ziem qui en a encore et Gudin qui n'en a plus.

(Cristina BARON)


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Bâtiment français, embossé à Eyoub (Bosphore), 1858

Souvenirs d'Orient

 

 

    Au 19ème siècle l'attrait pour l'Orient se manifeste en littérature et dans les arts plastiques.

Nouvelle source d'inspiration, l'Orient se révèle aux artistes comme un ensemble de lumières, de couleurs, de contrastes. Forts de la découverte pittoresque des scènes de la vie quotidienne et des coutumes orientales, de la mise en évidence d'une lumière violente et de couleurs éclatantes, les artistes manifestent leur désir de noter et de transcrire les "images" observées. Au moyen de dessins ou d'aquarelles ils s'attachent à donner des témoignages précis de leurs observations sous forme de carnet de croquis ou de journaux intimes illustrés qui seront repris en atelier dès leur retour en France. L'Orient devient réalité et sera saisi chez certains avec une précision photographique, chez d'autres de façon plus imagée et personnelle.

D'une manière générale les peintres orientalistes découvrent la lumière et se confrontent au problème de sa transcription sur la toile. Chacun trouve des solutions. Pour les peintres du midi, le problème ne semble pas se poser. Les peintres orientalistes marseillais ou toulonnais, habitués déjà à reproduire sur leur toile les lumières méridionales recherchent plus l'évasion, le pittoresque et la possibilité, à travers le thème de l'Orient, de laisser "éclater" la couleur.

Ainsi Brest, Chataud, Crapelet, Huguet, Magy, Tournemine visitent indifféremment l'Algérie, l'Egypte, la Turquie ...

La peinture orientaliste ne laisse pas Courdouan indifférent. De 1847 à 1873 il présente aux Salons de Paris, Marseille, Lyon, Toulon, Bordeaux, des oeuvres orientalistes, plus fréquemment entre 1853 et 1856 et entre 1868 et 1873. deux voyages suffirent pour mémoriser des sujets orientaux qu'il utilise jusque dans les années 1890.

(Brigitte GAILLARD)


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Premier voyage :  Algérie 1847

 

L'Algérie impressionne les voyageurs par son caractère, son architecture pittoresque, ses scènes originales (marchés, caravanes ...).

Pour Théophile Gautier (abécédaire du salon 1861) "le voyage d'Algérie devient pour les peintres aussi indispensable que le pèlerinage en Italie. Ils vont là apprendre le soleil, étudier la lumière, chercher des types originaux, des moeurs, des attitudes primitives et bibliques".

Embarquement des Zouaves partant d'Alger pour la Crimée, 1855Vernet, Delacroix, Decamp avaient déjà apporté au public français la vision de ce pays. En 1847 Courdouan s'embarque sur le Labrador et visite Sidi Ferruch, la vallée d'El-Biar. Son carnet de bord relate cette excursion. D'abondants croquis signés et datés témoignent de son travail inlassable. Les détails pris sur le vif au cours de promenades sont recueillis à la mine de plomb : scènes de marchés, silhouettes algériennes, études de figures, caravanes de dromadaires, palmeraies, oasis, autant de sujets qu'il reproduira au pastel ou à l'huile quelques années plus tard.

Alger 1er juillet 1847En effet, les tableaux d'Algérie sont datés de 1848 à 1890. plusieurs vues d'Alger ont été réalisées au crayon sur papier bistre avec rehauts de blanc, date, mois, année sont spécifiés. Les dessins datés de 1847 qui correspondent au voyage en Algérie sont exécutés au crayon noir sur papier brun, avec des rehauts de blanc pour décrire les architectures et donner l'impression de lumière. Les contrastes d'ombre et de lumière sont obtenus en utilisant le blanc de rehauts et le brun du papier gardé largement en réserve.

Rade d'Alger, 1850En 1846, Fromentin utilise la même technique au cours de son voyage en Algérie. A Alger, en octobre 1847, il est fortement impressioné par le caractère de l'Orient. Baudelaire, dans son Salon de 1845 parle du traitement de la lumière dans le Sultan du Maroc de Delacroix : "ce tableau est si harmonieux, malgré la splendeur des tons, qu'il en est gris, gris comme la nature, gris comme l'atmosphère de l'été, quand le soleil étend comme un créouscule de poussière tremblante sur chaque objet". C'est cette couleur grise, quand le soleil atténue les formes et les couleurs que cherche à reproduire Courdouan dans certains de ses paysages orientaux.


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Second voyage :  l'Egypte 1866

 

Le Canal de Mahamoudieh, 1874L'Egypte est le pays le plus fréquenté par les peintres du XIXème siècle. Ils y trouvent un climat agréable, une population avenante, mais surtout, de la Vallée du Nil au désert, une source inépuisable de sujets.

Beaucoup d'artistes séjournent au Caire qui reste un lieu privilégié pour les amateurs de pittoresque. Alexandrie, un des premiers ports de la Méditerranée, le Nil tacheté de voiles blanches et le désert constituent la plus grande source d'inspiration.

Alexandrie, 1868En 1866 la Compagnie des forges et chantiers de la Méditerranée doit livrer au vice-roi d'Egypte un navire quyi venait d'être construit à la Seyne. Courdouan, connu pour avoir réalisé les décorations pour différents paquebots de cette compagnie, est invité à faire un voyage en Egypte avec le directeur Armand Béhic. Après un séjour de trois mois, l'artiste revient avec une magnifique collection de paysages éblouissants. C'est l'occasion, l'année suivante, de présenter au Salon de Paris de 1867 huits tableaux orientalistes avec des cues du bord du Nil, la pyramide de Guizèh, des paysages de désert, des coucher de soleil.

Paysage d'Orient bord du Nil, 1885La compagnie débarque à Alexandrie, Courdouan peut visiter ce port et un peu plus tard se rend au Caire.

Les bords du Nil semblent avoir particulièrement séduit l'artiste. Les vues d'Alexandrie, les felouques amarrées sont des sujets courants, travaillés au pastel ainsi qu'à l'huile. Comme Fromentin qui découvre l'Egypte en 1869, Courdouan paraît impressionné par le ciel égyptien et les eaux du Nil.


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