Extraits de " Une nuit à Valparaiso "

 

"On a beau connaître par coeur toutes les lois du genre, l'escale nous sert chaque fois tous ses poncifs. L'appel du large, le vent dans les voiles, la fiancée oubliée, le bout du monde".



"La chasse à la baleine, les peaux de phoque, la course du thé, la route d'Australie, le chemin de Polynésie, la ruée vers l'or californien, les tremblements de terre, les mines de cuivre, le salpêtre, Robinson Crusoé. Et mille cinq cents milles plus au sud, les archipels, les glaciers, les canaux de Patagonie, le détroit de Magellan, le Horn, ses tempêtes furieuses".



"L’escale commence toujours bien. C'est plus tard que ça se gâte. Elle ne débute pas au moment où nous posons le pied sur le quai. Elle s'est annoncée loin au large, longtemps avant. Récits, romans, rumeurs, refrains, ragots, recettes. On en rêve, on regarde les cartes. On feuillette les instructions nautiques, les registres des feux, les éphémérides. On en parle, on plaisante, on fait des plans. Les vétérans racontent leurs aventures, toujours les mêmes, plages, bars, restaurants, cuites, bordels, filles... La mer, c'est ainsi, on sait tout à l'avance. On devine qu'on rejouera les mêmes bêtises, ou que, sait-on jamais, pour une fois, ce sera différent".