Fort de France

 

J'habite une vieille demeure

Enfouie sous les grands arbres

D'une vallée perdue

Où les Alizés achèvent leur course marine.

Le jardin

De palmes et d'insouciance,

Pays de cocagne,

Sous le soleil des Caraïbes,

M'offre les soirs de songes,

Au ressac de mon hamac,

Le passage des nuages

Sur les  crêtes et l'obscurité.

 

A la quiétude des crépuscules

Succède la musique de mes nuits,

Dans la pénombre ventrée

Des drapés sensuels,

Des plaisirs volés,

Une fenêtre ouverte

Sur les vagues au loin,

Une créole à mes côtés,

Ou parfois si fière,

Une mulâtresse

A la peau poivrée.

 

Mais la mer me reprend,

Il n'y a pas d'île sans charmes,

Les Saintes, Marie-Galante, La Désirade ...

Fort-de-France s'estompe escale.

Manaus, Paramaribo,Carthagène ...

Je me souviens de l'activité fébrile des ports

De chaleur, de poussière et de bruit.

Je me rappelle les plages

Où nous vivons d'indolence

Après l'effort des quais d'épices

Et leurs marées laborieuses.

 

Sous le vent de villes en fêtes,

Je danse le soir au bord de l'eau,

Calypso, meringué,

Malgré mon coeur vagabond,

Ses images lointaines

Et sa blessure secrète.

Ces pays brûlent d'oisiveté,

De rhum siroté à langueur de journée,

De femmes nonchalantes,

Je rêve de grands voiliers ...

 

Loïc FINAZ, "Des villes d'escale", 1997

(Retour Impressions Océan Mer Caraïbes)