« Six heures . Le piétinement des silhouettes blanches aux abords de la gare . Les magasins qui se remplissent et se vident comme des poumons dans la rue des Soeurs . Ces pâles rayons du soleil d’après-midi qui s’allongent et éclaboussent les longues courbes de l’Esplanade , et les pigeons , ivres de lumière , qui se pressent sur les minarets pour baigner leurs ailes aux derniers éclats du couchant .
Six heures à nouveau . Une faible luminosité filtrée émane de ces étroites fenêtres , face au comptoir quelque peu exotique du Mameluk Bar . Dehors dans la rue , la foule se presse dans un immense brouhaha - appel du Muezzin , cri des marchands , bus bondés , claquements de sabots tirants d’antiques calèches noires .
Soudain : « - Four fresh orange juice , sir »
Un serveur du Pullman , à la toque rouge et vétu d’un costume bouffant , tout droit venu d’une autre époque , nous apportait l’un des moyens pour nous d’échapper à cette atmosphère pesant presqu’étouffant qui se dégage des entrailles d’Alexandrie .
Cette
même sensation de délivrance , je la ressentis quelques jours plus tard en terminant
une journée passée au Caire . Dans le salon d’un palace légendaire !
Quelle facilité me diras-tu . Oui , je l’avoue ! Mais l’ambiance
propice de ce décor qui semblait être figé depuis un siècle , m’invitait
doucement à m’évader . Je revoyais alors défiler devant moi , ces richesses
d’un autre temps , ces yeux qui ne se lassent jamais de nous fixer , figés
parfois dans de somptueux masques d’or , trésors de Toutankamon , mystères
des pyramides ...
Comment oublier ainsi , cette escale à Alexandrie , renouvellée au mois d’octobre dernier !
Encore cette quête du temps passé , me diras-tu encore ! Oui , mais cette fois-ci les portes du Caire et de Louxor se sont ouvertes devant moi . Un moment malheureusement bien court - deux jours seulement .
Ainsi
, j’ai enchainé le premier jour pyramides , mosqués , musée Egyptien ,
et boutique de parfum , de papyrus , et bazar , pour terminer , le soir dans
le plus vieux et le plus chic Palace du Caire , le « Mena House Oberoï »
. Attablé avec d’autres amis dans un coin de l’ancienne salle de festin
, je me croyais transporté dans une époque révolue , avec dans ma tête , tous
ces fabuleux trésors brièvement aperçus quelques heures plus tôt dans le Musée
Egyptien du Caire .
Je vibrais alors au son des tambours et des danseuses . J’alliais alors les plaisirs de la table où nous nous régalions à ceux de mes autres sens déjà pleinement satisfaits . Un moment que nous faisions volontairement durer , malgré cette course effrénée avec le temps qui fuyait à une telle allure !
En effet , le lendemain , après un réveil à 04h45 , nous avalions un petit English Breakfast , avant de nous engouffrer dans un bus nous déposant à l’aéroport .
Nous décollions enfin à 06h30 au milieu de touristes japonais et français en direction de Louxor , de ses fameux temples de Karnak et des mystérieuses Vallées des Rois et des Reines ...
