Jules Verne

 

Verne, Jules (1828-1905), écrivain français, auteur de quelque quatre-vingts romans, qui fut, au XIXe siècle, un précurseur de la science-fiction.

 


Un des principaux mérites de Jules Verne est d’être parvenu, grâce à son sens de la documentation, à adapter au roman les conquêtes et les découvertes des savants de son époque, tout en les mettant au service d’une imagination foisonnante, qui, bien souvent, a fait de lui un visionnaire. Ainsi, le célèbre Nautilus de Vingt Mille Lieues sous les mers préfigure de dix ans les sous-marins de l’ingénieur Laubeuf. Moins connue mais tout aussi fournie est son œuvre dramatique, puisqu’il a composé, seul ou en collaboration, une quinzaine de pièces de théâtre. Il est également l’auteur de plusieurs grands ouvrages de vulgarisation (Géographie illustrée de la France et de ses colonies, 1868 ; Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, 1878 ; Christophe Colomb, 1883).

Jules Verne devient véritablement célèbre avec la publication, dans les années 1863-1865, de ses trois premiers grands romans : Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la Terre et De la Terre à la Lune. Il songe depuis longtemps déjà à la carrière des lettres.

Né à Nantes, il est destiné par les siens à reprendre l’étude d’avoué de son père. À l’âge de onze ans, ayant acheté l’engagement d’un mousse, il s’embarque secrètement sur un long courrier en partance pour les Indes. Son père le rattrape de justesse à Paimbœuf, dans l’estuaire de la Loire. Remis dans le droit chemin, il est envoyé à Paris pour faire ses études de droit (1848). Il entreprend dès lors d’écrire clandestinement ses premières œuvres, des sonnets et une tragédie en vers.

Comme souvent pour les écrivains de l’époque, ses véritables débuts littéraires se font par l’intermédiaire des revues et des journaux. Après avoir rencontré Alexandre Dumas père, alors au faîte de sa notoriété, il compose à sa manière une série de drames historiques (la Conspiration des poudres, Drame sous la Régence), de comédies (les Pailles rompues, 1850 ; les Savants ; Qui me rit) et surtout d’opérettes (Colin-maillard, 1853 ; M. de Chimpanzé, 1860). En avril 1852, il publie dans le Musée des familles sa première longue nouvelle historique, Martin Paz, qui révèle déjà sa passion pour l’histoire et la géographie.

Dix ans plus tard, il présente à l’éditeur Jules Hetzel Cinq Semaines en ballon, et signe avec lui un contrat qui l’engage pour les vingt années suivantes. Le roman, qui paraît en décembre 1862, rencontre un succès triomphal, en France d’abord, puis dans le monde. Jules Verne peut dès lors abandonner son activité d’associé d’agent de change. Hetzel lui demande une collaboration régulière à une nouvelle revue, le Magasin illustré d’éducation et de récréation. Dans les colonnes de ce journal paraissent les Aventures du capitaine Hatteras, avant leur publication en volumes. En 1864 et 1865 sont également publiés Voyage au centre de la Terre et De la Terre à la Lune, qui ont déjà soulevé l’enthousiasme des lecteurs du Journal des débats. Le Voyage au centre de la Terre est un véritable récit de paléontologie où les deux héros, le géologue allemand Lindenbrock et son neveu Axel, progressent, à travers toute une série d’épreuves initiatiques, dans les entrailles de la Terre. De la Terre à la Lune raconte l’expérience inverse. Véritable récit de science-fiction, cet ouvrage reprend le rêve de Cyrano de Bergerac : un obus contenant trois hommes est envoyé par des artilleurs de Baltimore sur la Lune.

Durant quarante années, à travers la série des Voyages extraordinaires, Jules Verne explore le temps et l’espace. Ses romans les plus connus sont les Enfants du capitaine Grant (1867), Vingt Mille Lieues sous les mers (1870), le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), l’Île mystérieuse (1874), Michel Strogoff (1876), Un capitaine de quinze ans (1878), les Tribulations d’un Chinois en Chine (1879), le Rayon vert (1882), l’Archipel en feu (1884), Robur le conquérant (1886), Deux Ans de vacances (1888), le Château des Carpathes (1892), le Superbe Orénoque (1898).

Plusieurs de ses ouvrages ont été influencés par des voyages. En avril 1867, il part pour les États-Unis avec son frère Paul à bord du Great Eastern, paquebot à roues construit pour la pose du câble téléphonique transatlantique. Les croisières qu’il entreprend en Norvège, en Irlande, en Écosse (1880), dans la mer du Nord et la Baltique (1881), en Méditerranée (1884) renouvellent son inspiration. Entre-temps, en 1871, Jules Verne s’est installé définitivement à Amiens, où il a épousé en 1857 une jeune veuve amiénoise et mère de deux enfants, Honorine de Viane.

Les Voyages extraordinaires, qui mêlent ainsi aventure et didactisme, se veulent à la fois physiques et mentaux : un parcours géographique à travers tous les continents du monde, ou un voyage dans le temps, suivant ou précédant les découvertes de la science est redoublé par un véritable trajet intérieur. Cette introspection est souvent vécue par des personnages solitaires, un peu étranges (le capitaine Nemo de Vingt Mille Lieux sous les mers, Phileas Fogg du Tour du monde en quatre-vingts jours) ou par des adolescents qui découvrent leurs propres limites (tels les enfants du capitaine Grant).